Je n’ai pas douze ans lorsque ça arrive. Poussé par un instinct primaire que je qualifierai plus tard de survie, j’ose l’aborder non sans peur. Mes oreilles décollées et mon nez en trompette ne sont pas les meilleurs ambassadeurs de mon assurance à l’époque, mais j’y crois. Je n’ai peur de rien ou presque. Ni des plus gros voulant me casser la gueule parce qu’ils me surnomment Dumbo ni de ce monstre à la maison, lançant des pléthores de noms d’oiseaux à qui veut l’entendre pour nous ramener au rang de ver de terre, moi et mes frères et sœurs. La vie n’est pas tendre, mais je ne la voie pas ainsi, je ne peux expliquer pourquoi. Je me sens si vivant, que même ce pervers ne pourra jamais casser ce statut dont je me sens légitime. Je fonce, et peu importe la matière se trouvant en face de moi, peu importe la violence, je suis vivant et rien ne peut m’arrêter.